liquide liquide
Installations et performance
Sisyphes
avec Lola Rudrauf <3
Le Totem
Le mythe de Sisyphe est à la genèse de notre recherche. Nous y lisons une forme d’aliénation et un épuisement
qui ne peuvent jamais advenir.
En proposant une ré-interprétation du mythe sous deux formes artistiques, la performance et l'installation, nous souhaitons ré-ouvrir la question de l’épuisement par la répétition.
Le jeu corporel et sensitif qui mêle nos corps à la matière introduit l’horizon de l’exploitation outrancière des ressources naturelles et des êtres humain*es.
Relire le mythe
L’épuisement dû à la répétition de nos gestes nous permet d’interroger les rapports entre matières et corps, deux ressources exploitées. La performance condense ces réalités que sont l’étiolement des êtres exploités et le tarissement des ressources naturelles. Concrètement, nous donnons à voir leur interaction : la manière dont l’effort humain affecte une matière, mais également comment le corps reçoit une réponse de la part de la matière : par la tension des muscles, la vitesse absorbée, l’énergie déployée. Cet affaiblissement de nos muscles dû au jeu de force entre la matière et nos corps interroge les qualités de mouvement que nous allons adopter. A travers le poids, volume, flux (libre, continu ou saccadé) et temps, les matériaux transmettent une force sur nos propres corps. C’est dans ce jeu de force que le geste (en perdant son but) devient mouvement, que nos deux corps se rencontrent et se solidarisent par l’altération progressive de la matière et la fatigue.
L’épuisement est aussi un miroir tendu aux spectateur*ices. Vers leur propre fatigue, celle qui enchaîne et prend sa source dans le travail, la vie et les tâches quotidiennes, l’administration, les violences, la répétition de paroles et de gestes sensés être utiles et productifs. Pour autant, nous avons conscience que l’énergie que nous mettons à performer est à sa source une plus-value: notre travail de l’art n’est pas imposé, ni dirigé, mais recherché et pensé pour être partagé. Nous ouvrons ainsi sur la possibilité d’une autre énergie, et d’un autre épuisement que celui que nous subissons, créant par là une solidarité avec les spectateur*ices. La réalité performée et sa mécanique entraîne une reconnexion à nos propres corps, à l’Autre, et re-situe notre corporéïté comme terrain d’engagement.
L’essence de cette performance est une exploration corporelle mêlant matérialités constructives, sensations, et destructions. À travers ce projet nous cherchons à lutter contre la fatigue qui parfois nous enchaîne (voir Florian Gaité, Tout à danser s’épuise).

Présentations:

CCOD de Tours, à l'occasion de Public Pool #8, octobre 2021

Festival Parallèle, à Artagon Marseille,
22 janvier 2022
Ce projet est une commande de la maison de champagne Janisson.
Il a été conçu puis réalisé à quatre mains lors du workshop "loges de vignes", à l'été 2016.
Caves, coteaux, et maisons de Champagne
sont inscrits depuis 2015 au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Craie trouvée sur place, vieux ceps et bouteilles inutilisables de la maison Janisson remplissent des caisses de remuage sensées partir à la décharge.

Le totem s’élève verticalement au milieu de la mer de vignes qui couvre les collines de la montagne champenoise.
[performance,
installation]
depuis 2021
[installation,
2016]